"... Il a fallu que le hasard me mette sous les yeux une carte des Etats de Provence, sensiblement contemporaine, pour lever un coin du voile: quelque part entre Bouchet et Tulette, mentionné en caractères d'égale importance, figure le domaine de Barbaras, symbolisé par un clocher et une ou deux maisons aujourd'hui totalement effacés du paysage.
Voilà donc la raison d'être de ce fameux chemin.
Des érudits locaux m'ont appris par la suite que le quartier des Barbes, au nord-ouest de Visan, en perpétuait sans doute le souvenir, prouvant par la même occasion que le temps a moins de prise sur les mots que sur les pierres.
...L'enclave, terre papale, était à Avignon, comme Avignon était à Rome. Tout autour, c'était- en simplifiant - le Royaume de France, l'étranger. Et le chemin de Barbaras, habilement acheté par les pontificaux au Comte de Suze, était la seule voie utilisable par les sujets de Sa Sainteté le pape pour aller de leurs terres en Avignon, et vice versa, au travers du territoire Français.
En France sévissait la gabelle, qui était au sel ce que la Régiew actuelle est aux tabacs et allumettes.
Dans les Etats pontificaux, le sel et bien d'autres denrées circulaient plus librement et à des prix que l'on qualifierait aujourd'hui de très attractifs.
Résultat: Valréas était un nid de contrebandiers, le chemin de Barbaras était la route du sel, et, dans chaque bosquet, les gabelous du Roi de France se tenaient tapis, prêts à bondir sur le premier âne pontifical chargé de sel qui, attiré par quelque royal chardon, aurait était pris en flagrant délit de violation du territoire français.
... Voilà que partout dans le Comtat on nous demande de nous pronouncer pour la France ou pour le Vatican. Nos ancêtres Valréassiens, massivement, ont voté pour le Pape ... et le sel. Mais les autres comtadins, Avignonnais en tête, ont jeté le Comtat dans les bras de la jeune République Française.
Il a fallu s'aligner - a contre coeur, il faut bien le dire -. Bonjour, Cahiers de doléances, arbres de la Libérté, banquets populaire, chouannerie et guillotine. Adieu gabelous, adieu chemin de Barbaras."
Voilà donc la raison d'être de ce fameux chemin.
Des érudits locaux m'ont appris par la suite que le quartier des Barbes, au nord-ouest de Visan, en perpétuait sans doute le souvenir, prouvant par la même occasion que le temps a moins de prise sur les mots que sur les pierres.
...L'enclave, terre papale, était à Avignon, comme Avignon était à Rome. Tout autour, c'était- en simplifiant - le Royaume de France, l'étranger. Et le chemin de Barbaras, habilement acheté par les pontificaux au Comte de Suze, était la seule voie utilisable par les sujets de Sa Sainteté le pape pour aller de leurs terres en Avignon, et vice versa, au travers du territoire Français.
En France sévissait la gabelle, qui était au sel ce que la Régiew actuelle est aux tabacs et allumettes.
Dans les Etats pontificaux, le sel et bien d'autres denrées circulaient plus librement et à des prix que l'on qualifierait aujourd'hui de très attractifs.
Résultat: Valréas était un nid de contrebandiers, le chemin de Barbaras était la route du sel, et, dans chaque bosquet, les gabelous du Roi de France se tenaient tapis, prêts à bondir sur le premier âne pontifical chargé de sel qui, attiré par quelque royal chardon, aurait était pris en flagrant délit de violation du territoire français.
... Voilà que partout dans le Comtat on nous demande de nous pronouncer pour la France ou pour le Vatican. Nos ancêtres Valréassiens, massivement, ont voté pour le Pape ... et le sel. Mais les autres comtadins, Avignonnais en tête, ont jeté le Comtat dans les bras de la jeune République Française.
Il a fallu s'aligner - a contre coeur, il faut bien le dire -. Bonjour, Cahiers de doléances, arbres de la Libérté, banquets populaire, chouannerie et guillotine. Adieu gabelous, adieu chemin de Barbaras."